21 Jan 2019

Dans le Val-de-Marne, les 650 élèves du collège Saint-Exupéry ont fait leur rentrée des classes dans un bâtiment livré par Cougnaud. Karine Coignard-Chastagnier, architecte, chargée d’opérations pour le Conseil départemental, revient sur l’expérience d’un chantier achevé en un temps record.

Comment s’est déroulée cette première rentrée au nouveau collège Saint-Exupéry ?

En novembre 2017, après la découverte de la pollution sur le site de l’ancien collège de Saint-Exupéry, la scolarité des élèves a été bien perturbée. Accueillis en urgence par les établissements voisins, les élèves ont malgré tout poursuivi leurs apprentissages. À vrai dire, beaucoup de personnes étaient sceptiques sur le fait que nous allions réussir à tenir les délais de construction pour le nouveau collège. Ainsi, la rentrée scolaire dans le bâtiment construit par Cougnaud a été un soulagement. Tout le monde était très content d’avoir un établissement opérationnel dès septembre.

Elèves, personnels de l’établissement ou parents : quelles sont leurs premières impressions sur le nouvel établissement ?

Le résultat leur convient. À vrai dire, beaucoup d’entre eux ne se rendent pas compte qu’ils sont dans un bâtiment qui n’a pas été construit sur site. Dans cette opération, nous pouvons même dire que les élèves et le personnel sont gagnants. En effet, l’ancien collège, construit dans les années 1970, leur offrait moins de confort et de qualité que les locaux qu’ils ont découverts en cette rentrée de septembre.

Concernant les normes et les performances, le cahier des charges du nouveau collège Saint-Exupéry comportait-il des contraintes spécifiques ?

L’établissement va accueillir les élèves pendant deux années. Ce n’est pas rien ! Le cahier des charges du nouveau collège était donc exigeant. Sur les plans acoustique et thermique, le bâtiment construit par Cougnaud affiche des performances optimales. L’objectif étant de permettre aux utilisateurs, les élèves en premier lieu, de bénéficier des meilleures conditions pour leur scolarité.

Après la découverte de la pollution industrielle sur le site de l’ancien collège, le conseil départemental du Val-de-Marne (94) a dû réagir vite. Est-ce pour cette raison que vous avez fait le choix de la construction hors-site ?

Oui et dans le cadre d’autres chantiers, le département avait déjà eu l’occasion d’éprouver les performances de vitesse offertes par la construction hors-site. Pour les élèves du collège Saint-Exupéry, il s’agissait véritablement d’une situation d’urgence. Ce mode constructif nous a donc permis de réaliser le bâtiment en un temps record. Les 169 modules ont été installés entre les mois d’avril et juin. Ensuite, les travaux de finition se sont étalés jusqu’à la rentrée.

Comment s’est déroulé le chantier ?

Outre la rapidité d’exécution, j’ai été impressionnée par la faible production de déchets. Dans le cadre de la construction hors-site, on sent bien que l’utilisation des matériaux est totalement optimisée. Sur le plan écologique, il y a un gain. Par ailleurs, ce mode constructif permet de réduire les nuisances liées au chantier. Aux abords du château de Vincennes, c’était un avantage appréciable qui a su convaincre la commission qui vise à protéger les sites classés et remarquables.

Justement, le nouveau collège est érigé sur un site classé. Comment le bâtiment de Cougnaud parvient-il à s’inscrire dans un tel contexte ?

Le site est même doublement classé ! En premier lieu, il se situe aux abords d’un monument historique : le château de Vincennes. Ensuite, il se trouve dans un bois. Le site est donc classé comme espace naturel et boisé. Ce sont pour ces raisons que le bâtiment a l’obligation d’être temporaire. Il ne fallait pas impacter le système racinaire des platanes qui bordent le terrain et la construction se devait d’être légère. À titre d’exemple, la cour de récréation est en béton drainant pour pouvoir s’adapter au maximum à la perméabilité des sols. En ce qui concerne les matériaux, notre choix s’est porté sur des couleurs sobres : du gris anthracite et un bardage bois. Cela permet au bâtiment d’être discret et de respecter son environnement.

À l’issue des 24 mois d’utilisation, quel va être l’avenir du collège Saint-Exupéry ?

Il devra forcément être démonté : nous avons l’obligation de remettre en état le site. L’idéal serait de pouvoir réutiliser le bâtiment pour répondre à un autre besoin de la collectivité : une crèche, des bureaux, un hébergement d’urgence, une PMI… un autre collège pourquoi pas ? Dans le cas où le département du Val-de-Marne n’aurait pas de tels besoins à l’issue de ces deux années d’exploitation, il pourrait alors être réexploité par d’autres collectivités.

Interview extrait de C_La Revue#5
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Collège Saint-Exupery – Vincennes [94]